Pas d'inflation sur le marché de la cocaïne américaine

Publié le par Arnaud Aubron

"Dans la rue, le prix de la cocaïne a augmenté de 19% entre février et septembre 2005. La pureté a baissé de 15% sur la même période, triomphait en novembre 2005 le "Tzar" antidrogues américain. Une nouvelle preuve que le plan Colombie et nos efforts équilibrés face au problème international des drogues font reculer ce problème." Dix-huit mois plus tard, l'ambiance est nettement moins à l'euphorie à l'ONDCP, le bureau de lutte antidrogues de la Maison blanche. Et il aura cette fois fallu l'intervention d'un sénateur et d'un institut de recherche indépendant pour connaître les chiffres du gouvernement. Il faut dire qu'en 2006, les prix de la cocaïne ont baissé et sa pureté augmenté. Comme c'est le cas depuis... vingt-cinq ans.
Evidemment, après l'affaire des armes de destruction massive irakiennes, une petite entourloupe sur les succès fantasmés de la guerre à la cocaïne... Mais tout de même, l'enquête menée par le Washington office on Latin America (Wola) est accablante.
En février 2004, le tzar antidrogues Walters se voit remettre un rapport de la Rand corporation qui détaille la baisse constante des prix de la cocaïne de 1982 à 2003. Des chiffres qui n'arrangent pas Washington: toute sa stratégie repose sur l'idée que la guerre à la drogue en Colombie (5,5 milliards de dollars depuis 2000) va faire monter les prix et donc finir par dissuader les consommateurs. Résultat, il faudra un an à l'ONDCP pour publier ce rapport.
En novembre 2005, un second rapport, de l'IDA cette fois, indique que les prix de la cocaïne ont augmenté sur une période de... six mois. Il en faudra cette fois moins de deux pour publier le rapport et organiser une conférence de presse triomphaliste. Les médias mordent à l'appât. L'idée se répand.
Nouveau rapport enfin, du même IDA, qui actualise ses chiffres jusqu'à octobre 2006. Ils sont cette fois à nouveau à la baisse... Et ne seront donc pas publiés. Ils finiront tout de même par être adressés, à sa demande, en janvier dernier, au sénateur républicain Charles Grassley. Lequel conclut: "En matière de statistiques, je crois qu'il est raisonnable de dire qu'ils mitonnent leur propre sauce. Ils utilisent les chiffres qui vont dans leur sens."
J'avais, fin 2005, interviewé pour Libération le chercheur Laurent Laniel, à propos de cette hausse soudaine des prix de la cocaïne et des liens entre prix à la revente et niveau de l'offre:
"La Colombie produit moins de pâte base de cocaïne. Mais malgré cette baisse, le prix payé aux paysans baisse aussi. Car le marché est biaisé. Il n'y a pas de libre concurrence, de libre confrontation entre offre et demande. La majorité de la production de pâte est aux mains des paramilitaires et des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie, ndlr). Cette économie est entièrement régulée par des groupes armés : ce n'est donc pas parce que la production baisse que les prix vont automatiquement augmenter."
Une erreur d'interprétation macroéconomique que les Colombiens paient chaque jour un peu plus cher.

Publié dans drogues

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H
Nan c'est bon je retire ce que je viens de dire, le site marcheAu temps pour moi, mais c'est pour autant que j'apprecie la censure
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H
Hors-Sujet : C'est normal que le site rue89.com ne marche plus?Censuré ou pas par notre très cher grand président
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J
Toutes les "news" que vous recherchez sur le narcotrafic et l'activité des douanes dans le monde sont sur L'Aviseur international - www.marcfievet.com<br /> Salutations<br />  <br /> JCA
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O
La politique de la MILDT a été prise en sandwich ces dernières années, ces dix dernières années. Sous la gauche, on ne peut pas dire que le soutien et les efforts politiques aient été à la mesure des nouvelles orientations, très souvent pertinentes et courageuses jusqu'en 2000-2001. Suite au virage sécuritaire de la pré-campagne électorale de 2002, cette politique a été d'autant plus précarisée. Suite à la défaite de la gauche, le bilan n'a pas été véritablement défendu, sinon par une partie de la MILDT, quelques études de l'OFDT, certain-e-s sont même partis. <br /> Depuis 2002, une partie de la droite revencharde et hyper conservatrice a fait pesé sur le bilan de la gauche la responsabilité de l'augmentation des consommations. L'un des arguments repose sur une circulaire qui n'a jamais été appliquée stricto sensu, sauf une année (et c'est très relatif), et sur des messages de prévention qui prenaient actes de la situation pour rétablir un lien de confiance entre les pouvoirs publics et la population, sur cette question controversée. Pour eux, la politique dite de réduction des risques liés aux usages de drogues est incitative.<br /> L'extrait ci-dessous n'est qu'une illustration des attaques venant du "camp" dit de droite dogmatique. Cela illustre les problèmes politiques de la MILDT, prise entre plusieurs feux. C'est vrai aussi pour l'OFDT. C'est vrai aussi d'un point de vue médiatique et scientifique du fait du statut de la parole en matière de drogues. Nombre d'entre elles sont illégales et-ou dépendantes d'intérêts idéologiques, financiers, géopolitiques (localement et internationalement), considérables.<br /> Je pense que la MILDT s'est pliée, et c'est logique, aux orientations politiques hiérarchiques et qu'elle est menacée structurellement et fondamentalement sur des référentiels pourtant reconnus au niveau européen, pour l'instant. Il ne me semble pas que les drogues cessent d'être un gage "moral" pour les plus conservateurs du fait des résultats de la dernière présidentielle et ceux, probables, des futures législatives.<br /> <br /> Cependant, je suis curieux de découvrir l'inflation répressive ces prochains mois et ces prochaines années. Le niveau actuel est historique, et ce depuis déjà plusieurs années. Dans un autre registre, je suis curieux de connaître l'évaluation des restructurations dans le domaine des "soins" et celle de l'impact des structures "cannabis", de l'évaluation de la cohérence de la prise en charge du VHC, etc... et quels seront les décrets d'application de la nouvelle législation, adoptée avant les élections, quelle sera leur application !?!<br /> <br /> Pour en revenir à la politique de la MILDT, ces extraits sont issus de Société Civile n°65, janvier 2007, http://www.ifrap.org :<br /> <br /> " (...) Serge Lebigot, président de l’association Parents contre la drogue fustige la politique de la Mildt : <br /> <br /> "fondamentalement manipulatrice et hypocrite, elle n’ose pas déclarer devant les gens de ce pays ce qu’elle fait et les moyens mis en oeuvre pour atteindre des finalités concrètes. Leur discours occulte toute remise en question et revient à dire à la population“gens du pays, dormez tranquilles, des professionnels s’occupent de tout !”. <br /> <br /> Cette gestion de la drogue s’apparenté à une quasi-incitation par moments. L’association ASUD édite un magazine pour les drogués, intitulé sans ambages, « journal des drogués zeureu ». Frisant l’illégalité, les pages du magazine encouragent le public à se droguer. Un tel magazine distribué de manière conventionnelle aurait sûrement été interdit pour cause d’incitation à la drogue. L’action de l’association est soutenue par la Mildt qui considère qu’elle lutte efficacement contre les drogues. Pour cela, ASUD profite de subventions de manière assez conséquente. En 2003, ils reçoivent 76 235 euros. L’année suivante 55 000 euros lui sont donnés pour éditer leur magazine au profit des drogués « zeureu ».<br /> <br /> L’association Techno plus qui se déclare également en faveur de la politique de réduction des risques a reçu entre 2003 et 2004 plus de 143.000 euros de subventions. Quant à l’association de réduction des risques, cette dernière a reçu sur la même période près de 80.000 euros.<br /> <br /> Cette gabegie financière commence aujourd’hui à être décriée par de nombreuses personnes. Longtemps tapis pour cause d’omerta publique, des élus se lèvent contre cette politique. Au premier rang, Jean-Paul Garraud, député de la Gironde.<br /> <br /> Depuis février dernier, le député tente de rassembler un maximum de parlementaires afin de créer une nouvelle commission d’enquête sur la Mildt. (...)"<br /> <br /> Le problème, dans cette histoire, c'est que dès que l'on parle d'argent et de répartition personnelle et opérationnelle du budget...
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V
le site de la milt est le reflet des ideaux de ces dirigeants et de la majorité actuelle , il est on incomplet et partialIl est cependant préférable a des sites d'associations soutenues par des sectes.Il faudrait toutefois une liste de ces "associations" au liens douteux
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